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Le corps et les sentiments dans l'univers romanesque de Maryline Desbiolles

Le corps se fait paysage, la vie bourgeonne

L’axe central du roman est sans doute représenté par la maternité. Il est intéressant de voir que cette thématique témoigne d’une vision très personnelle et féminine, abordée aussi dans une espèce de "journal intime lyrique", que Maryline Desbiolles a rédigé après la naissance de sa fille Lucie et publié en 1994 sous le titre Le premier été. De nombreuses occasions de confrontation entre ce journal intime et le roman sont donc possibles. Toutefois, le talent narratif de l’auteure est tel qu’une expérience pareille, d’abord la gestation et ensuite la maternité, devient universelle et valable pour tout le monde, hommes compris. A ce sujet, l’écrivaine elle-même affirme :

J’étais surprise par Le petit col des loups ; on pouvait dire : bon, c’est une expérience de femme ; mais j’étais surprise parce que, au fond, j’ai reçu beaucoup de courrier de garçons, de jeunes hommes. Moi, ça m’a fait grand plaisir, parce que j’avais l’impression de parler d’expériences dites de femmes, mais j’ai essayé de ne pas en parler avec le poncif habituel féminin, dans lequel les femmes sont totalement enfermées […]. Ce qui m’a plu c’est de parler d’expériences typiquement féminines, mais en ayant un point de vue qui ne soit ni complètement féminin ni complètement masculin ; qui soit, enfin, d’un être humain.

Cela dit, un des aspects les plus intéressants du roman est le rapprochement qui se fait entre le corps et le paysage, si bien que les images de la vie corporelle sont souvent empruntées au champ lexical de la nature. De l’association corps-paysage se dégage toujours un langage poétique d’une grande originalité.

Le roman s’ouvre sur l’image d’un trait brun sur le ventre (Le trait brun est, d’ailleurs, le titre du premier chapitre). Mais le narrateur choisit de ne pas révéler tout de suite qu’il s’agit du ventre d’une femme enceinte. Il établit d’abord un lien entre le corps et le paysage :

[…] Du pubis au nombril. Un trait brun. Séparant le ventre en deux. […] La ligne brune franchit la colline du ventre, le sommet délicat, le doux sommet de la colline. Sentier qui se dessine en même temps que le ventre devient une colline, que le corps tout entier devient un paysage et que pour cela il perd son irréductible lourdeur. Le corps n’est plus rivé au paysage, il est le paysage lui-même. Il peut danser comme danse le paysage, sans faire le moindre mouvement. Il peut bouger, changer, faire la roue et s’affranchir de tout geste, de tout déplacement, il n’est plus jamais déplacé, ses gestes sont des arbres et des fleurs et du sable et la lumière que verse le commencement du soir. La délivrance est là. Dans le corps allégé de sa peur, de ses atermoiements et de sa mort prochaine. (p. 7s.)

Cet incipit anticipe déjà les thèmes principaux du roman. Corps et paysage sont bien visibles mais nous trouvons aussi des touches claires qui renvoient à la liberté, l’indépendance, l’errance, et des touches plus sombres portant sur la mort.
Le corps prend donc l’aspect d’un paysage : il est pourvu d’un relief modulé, il est en perpétuel devenir "sans faire le moindre mouvement", c'est-à-dire en gardant une apparence d’immobilité. Aucun mouvement extérieur, et pourtant la vie fourmille à l’intérieur, les cellules d’une créature autre sont en train de se développer. Le ventre est ainsi un petit monde compact et autosuffisant, générateur de vibrations vitales et marqué – hélas – lui-aussi par la déchéance.

Or, prendre conscience de la mort signifie, paradoxalement, jouir du don de la vie. Concevoir la mort comme partie intégrante du cycle vital nous permet de dissiper la peur que la pensée de "l’éternellement rien" (p. 89) peut engendrer. Il ne faudrait pas penser à la mort comme au moment qui met brusquement fin à la vie, mais comme une étape d’un cycle éternel. Autrement dit, la vie n’est pas une ligne droite projetée en avant, elle est une roue qui tourne sans cesse. Le corps est inscrit sous le double signe de la vie et de la mort ; apprendre cela signifie se libérer d’une angoisse existentielle et éprouver une sensation de liberté :

La mort n’est pas au bout, elle est lovée en même temps au cœur de la colline, elle n’est pas au bout, on ne peut pas penser à elle, elle est avec, elle ne peut pas être pensée et rien n’est pire que la pensée de la mort. Le corps délivré de la pensée de la mort. Le corps délivré de tout poids car elle n’est pas un poids cette chair qui s’invente, c’est même le contraire du poids, ce battement d’oiseau, ce supplément de souffle encore retenu, cette parole à jamais à naître qui guérira de tout. Si bien que ce signe de terre qu’on aurait mélangé à de la salive et dont on aurait marqué le ventre est le signe de la plus grande grâce, celle qui au moindre courant d’air emporte le ballon de caoutchouc tendu, translucide à force d’être tendu, celle qui l’emporte au loin. (p. 8)

L’expression "cette chair qui s’invente" est une référence voilée à la vie qui est en train de se former dans le ventre caractérisant l’incipit. Le véritable miracle est le fait que le poids supplémentaire ne pèse rien. Au contraire, il enlève du poids, et confère au corps qui l’abrite une légèreté incroyable. D’où les images de l’oiseau qui s’envole et du ballon de caoutchouc emporté par le vent. Ce sont des corrélatifs objectifs qui transmettent au lecteur l’idée de délivrance, de liberté insouciante, de légèreté. L’expression "ce signe de terre qu’on aurait mélangé à de la salive" a un ton vaguement biblique et nous fait penser à la création de l’homme décrite dans la Genèse. La référence à une nouvelle vie qui bourgeonne est indiquée par "une parole à jamais à naître" ; c’est une promesse de vie qui renferme un salut presque divin, "la plus grande grâce". Le ton s’éloigne ici du matériel et du prosaïque, il s’agit de pureté et de beauté sublimes garanties par le miracle de la vie. Pourtant, c’est une vie intimement liée à la matière, une vie "de terre" et "de salive".
Après cette ouverture poétique, le personnage de l’héroïne innomée est introduit par un ton bien plus pondéré:

Elle est enceinte, elle se le répète pour le croire. Je suis enceinte. Mais elle n’y croit pas. D’ailleurs comment croire, toutes les croyances sont à terre. Comment seulement croire à soi-même quand soi-même est perpétuellement porté en avant. On lui avait dit que la perte de sa virginité serait une étape importante dans sa vie, on le lui avait dit sans le dire vraiment, elle avait compris ça. Elle conçoit à présent l’insignifiance de cette prétendue étape. On perd rarement d’un coup sa virginité, il y depuis longtemps toute cette ouverture du corps, les paumes des mains, les lèvres, les cuisses, toutes les ailes du corps lentement ouvertes. (p. 8s.)

Le chapitre se poursuit et se termine sur l’évocation de la nature. Il apparaît donc évident que le corps s’ouvre entièrement au monde qui l’entoure, il est destiné à accueillir et à donner. L’extrait ci-dessus présente un mélange entre narration omnisciente et discours indirect libre : les pensées de la protagoniste sont sans cesse filtrées au fil des pages. Elle réfléchit sur la perte de sa virginité, sur le fait qu’on bâtit presque un mythe sur l’idée de virginité, sur "cette prétendue étape". Ce qui compte est l’ouverture totale – physique et psychique – que ce moment déclenche. Comme un oiseau ("toutes les ailes du corps lentement ouvertes") qui prend le vol pour la première fois, prêt à prendre sa place dans le monde et à connaître la réalité autour de lui. Et pourtant, la tâche n’est pas si lourde : "C’était cela qui était invraisemblable, c’était que ce remue-ménage de fond en comble de soi-même n’était en même temps d’aucune gravité" (p. 9).

Le sentiment dominant qu’éprouve la jeune fille est sans nul doute l’insouciance. Une insouciance qui, néanmoins, implique une confiance et une assurance bien marquées. Si bien que l’héroïne se sent "perpétuellement portée en avant" (p. 8). Elle se sent animée par une mystérieuse énergie bienheureuse, rayonnante du noyau vital qui est en train de s’imposer en elle :

C’est étrange d’ailleurs comme son gros ventre lui a donné de l’insouciance, comme ce qu’on appelle l’avenir a perdu ses contours. […] elle n’a pas conscience de la grosseur de son ventre car il ne l’alourdit pas. […] le miracle est que justement ainsi gonflé le corps compte moins, le miracle est qu’il offre moins de résistance. Endurant, infatigable comme si plus rien ne faisait obstacle […] comme si le corps parce qu’il abrite est à l’abri lui-même, oui il y a de cela, comme si le corps tirait son invulnérabilité de sa fragilité nouvelle à laquelle il consent infiniment. Comme à la mort qu’il avale au lieu de se hérisser de tous ses poils.

Par quelques touches, l’auteure dévoile la beauté sublime de la gestation. Le corps de la jeune fille, et de toutes les femmes qui éprouvent ce bonheur, abrite et en même temps est à l’abri dans sa perfection compacte. C’est la vie qui engendre la vie, un cycle vertueux d’amour et d’énergie. La fragilité et la force, comme nous pouvons le voir dans ce passage, ne sont pas deux notions opposées. Elles peuvent aller de pair. Le fragilité d’un corps qui enveloppe "une promesse de vie" peut engendrer la force. Or il ne faut pas oublier complètement l’idée de la mort, elle qui est "aval[é]e" par le corps, et qui est une partie intégrante et inévitable de ce cycle infini. Le corps, dès lors qu’il consent à cette nouvelle vie, consent aussi à la mort. Cependant, dans une certaine mesure, la présence de la nouvelle vie apaise, jusqu’à ce qu’elle éloigne, l’angoisse de la mort omniprésente.
L’élan de force vitale imprimé par cette nouvelle vie se manifeste dans le mouvement continu. En fait, comme nous l’avons vu, la jeune fille se sent "portée en avant" ; elle tire son sentiment de sécurité et de confiance de ses longues marches dans la nature :

Aucun mal ne peut lui advenir. Elle marche sur le plateau, plus déliée que jamais. […] Elle marche vite, elle ne trébuche pas, rien de mal ne peut lui advenir, elle va avaler le plateau et le ciel qui exhausse le plateau. […] Elle marche vite en pure perte, mais à quoi bon s’économiser, marcher de ce pas tranquille […] Elle croit qu’elle pourrait marcher le temps qu’elle a à vivre. Se forment de petits gloussements à l’intérieur d’elle. Elle aime le mouvement que la marche imprime à ce qu’elle se dit à l’intérieur d’elle en même temps que parfois elle rit, et tout cela qui cahote ensemble, se charrie l’un l’autre, le plus souvent reste en rade comme elle va trop vite. (p. 18s.)

L’idée du manque absolu de contraintes susceptibles de la retenir est portée par le verbe au participe passé "déliée". Dépourvue de n’importe quel poids, elle peut errer à son gré. Corps et esprit marchent à l’unisson : l’unio mystica avec la nature est représentée par la volonté d’ "avaler le plateau", de devenir un tout. Le bonheur imprévu se manifeste à travers "de petits gloussements à l’intérieur d’elle", en même temps que des rires naïfs rebondissent de son for intérieur. Il faut souligner l’emploi constant du temps présent : quoique "projetée en avant" (p. 92), la jeune fille enceinte éloigne toute pensée de l’avenir et du passé. Il n’existe plus que l’instant présent :

Elle est comme projetée en avant, pas dans l’avenir, non pas du tout dans l’avenir, elle est dans le dessin d’elle infiniment déployé en figures, aucune figure n’est elle, elle n’est que dans le bougé de toutes ces figures vite feuilletées. Elle est dans le bougé. Elle est dans l’allant. (p. 92)

L’héroïne est remplie d’optimisme et de joie. Elle comprend profondément qu’exister c’est devenir, accepter les mutations physiques et psychologiques qui caractérisent la vie humaine. Nous sommes d’accord avec Karin Hilpold, laquelle soutient que la formule "être dans l’allant" implique l’idée que l’homme est toujours libre de se redécouvrir, de se concevoir autre, de se donner une nouvelle identité selon sa propre volonté.
Le sentiment de liberté s’accompagne souvent d’images d’ouverture et d’extension. Le passage ci-dessous le montre parfaitement :

Dans quelques gestes elle éprouve cet élargissement d’elle-même, notamment dans celui d’ouvrir et de fermer les volets de sa chambre comme si elle inspirait et expirait en même temps que le champ, la haie d’aubépines, les pins d’Alep, le cyprès très haut et noir, les collines, les montagnes et, la nuit seulement, le village de Seille dont les lumières s’accrochent comme une broche de perles fines à la montagne, une broche en forme d’arc qui lancerait ses flèches d’amour à la nuit. Comme si a respiration était la leur, comme si leurs épaules, plis du cou, égarements, étaient les siens. (p. 91)

L’accord avec le monde qui entoure la jeune fille est représenté par l’acte d’ouvrir (et de fermer) maintes fois les volets de sa chambre, comme si elle voulait reproduire les mouvements de la respiration, dans le but de mieux absorber les parfums de la nature. Ici la nuit n’est pas ténébreuse et effrayante, c’est le décor où se déploie l’amour pour le paysage, et aussi l’amour entre la terre et le ciel. L’héroïne se sent en harmonie avec elle-même et avec le monde qui l’entoure. Sa respiration, les plis de son corps, tous les éléments physiques correspondent parfaitement à ceux de la vie sur terre. Leur rythme est à l’unisson. La nature devient une sorte de prolongement de la conscience humaine. Si bien que les lumières du village embellissent la montagne tel un collier de perles qui met en valeur la beauté d’une femme.

L’union corps-paysage est totale, comme le montre le passage ci-dessous :

Elle est une colline, son ventre fait d’elle une colline, elle tout entière, le corps non plus disloqué, la tête, les jambes, mais tout ça bien compact, bien solidaire, et le chemin de terre tracé bien droit du pubis au nombril. Colline au bord de mer. Une colline pas bien haute qui ne demande qu’à être léchée par l’eau, une colline à fleur d’eau. La colline et la mer solidaires reliées par la laisse qui est elle aussi une sorte de trait brun. (74s.)

La métaphore du corps-colline est toujours présente. L’héroïne perçoit son corps comme un tout homogène, une entité complète en elle-même. Le corps semble se confondre avec le paysage : lui aussi veut être "léché par l’eau", dans le but de participer à ce mariage des éléments, à cette communion entre la terre et la mer. Il ne faut pas oublier que l’élément aquatique a toujours été la métaphore de la purification, de la vie. L’eau est porteuse de vie, et pour cette raison le ventre-colline désire se mouiller doucement.

L’ouverture au monde extérieur offre une atmosphère de luminosité, de fraîcheur et de légèreté. L’admiration du paysage déclenche des moments de bonheur, un plaisir suave. Ce sont les sensations qui se dégagent du passage suivant :

La baie très vaste comme une épaule infinie, comme la douceur infinie d’une épaule de femme puissante et amourachée, presque soumise, une puissance et un repli en même temps. La baie (le mot l’enchante, elle se le répète plusieurs fois, l’ouverture douce des lèvres qui prononcent le mot baie), la baie où à cause de la courbure parfaite, à cause de l’aperçu de cette perfection, on se noue étroitement, une seconde, au mirage, l’air en effet semble plus léger, la lumière plus brillante, comme pailletée pour une fête perpétuelle, une fête étrangement fraîche […] une fête infiniment à l’aube d’elle-même et que rien n’exténue […]. (p. 72)

Et encore :

Descendre vers elle [la ville], c’est à chaque fois renouer avec le bref bonheur, le temps de la descente, le temps du rêve de la descente vers elle, la seconde de ce mirage, de la noyade délicieuse en ce mirage, c’est renouer avec le bref bonheur, avec la brève espérance qu’on va connaître l’innocence, qu’on va connaître la lumière qui lave de tout. (p. 71)

Le spectacle de la baie ensoleillée, bien qu’il soit vieux et connu, ne cesse d’éblouir la jeune femme. Chaque fois, elle éprouve le bonheur de la découverte. C’est l’éternel réveil au monde, dont témoigne, dans le premier passage ci-dessus, le choix des adjectifs "infinie", "perpétuel", et de l’adverbe "infiniment". Elle est complètement investie par la perfection éblouissante du paysage, et s’abandonne donc au "bref bonheur", un bonheur tout à fait éphémère, que cette vision déclenche. L’attente de la découverte, pendant "le temps de la descente" vers la ville, augmente les attentes et intensifie la sensation de purification finale. La formule "une puissance et un repli en même temps" (p. 72) renoue avec le binôme force-fragilité auquel nous avons déjà fait allusion. Le corps de la jeune fille tire à la fois son énergie intense et sa fragilité de la vie qui pousse en elle. D’ailleurs, ce sont la fragilité et la force de toute vie sur terre. Par conséquent, l’attitude de la jeune fille à l’égard de l’existence est absolument optimiste et marquée par les notions d’ouverture et d’accueil que nous retrouvons dans le passage suivant :

[…] son ventre est une chambre […] elle n’est rien moins qu’enceinte, entendons-nous, rien moins qu’enclose, elle n’a plus d’absence à défendre, elle est envahie, il n’y a plus à se battre, c’est une violence et une telle douceur qu’elle recouvre la violence. Il n’y a plus d’absence à défendre. (p. 35)

Son ventre est une chambre prête à accueillir quelqu’un. Comme le remarque Karin Hilpold, il est intéressant d’analyser le rapprochement entre le champ sémantique de la guerre et celui de la gestation féminine par rapport à la source étymologique du terme "enceinte". On parle d’invasion, de défense, de bataille, de violence. Une douce violence14, si l’on passe l’expression, qui débouche sur le consentement du miracle de la vie. L’absence n’est plus à craindre ; la présence de la nouvelle vie à transformé le ventre maternel en une forteresse imprenable.

En plus, le couple force-fragilité semble refléter le binôme complémentaire de la vie et de la mort. Comme nous le disions plus haut, toute vie porte, dès son commencement, le signe de sa fin. Pour emprunter les mots à Maryline Desbiolles : "Le mauve des fleurs fait irrésistiblement penser aux femmes, à leur flétrissement délicieux, à ce parfum tragique et émouvant de ce qui à peine venu au jour porte la promesse de se flétrir, de se rider, de s’empâter" (p. 27). Toutefois, c’est juste dans sa fragilité intime que la vie puise son intensité. La beauté des femmes, de la vie en général, est beaucoup plus intense si l’on prend conscience de leur nature éphémère. Voici se pointer donc le thème intemporel du memento mori.

Pour revenir au sujet de la maternité, la conscience de sa grossesse permet à la jeune fille de s’abandonner aux émotions positives, elle est prête à accueillir et à donner. Animée par une énergie extraordinaire, elle est désormais affranchie de toute crainte. Cet état d’euphorie se dégage de l’extrait suivant :

Sa propre force l’ébranle, elle ne se croyait pas capable d’une si grande force, elle l’ébranle entièrement, rien ne reste en place, elle croit qu’elle pourrait marcher à pieds nus sur le feu, monter tout en haut de la colline et, comme on découvre la nudité d’un corps en ôtant le drap, découvrir la mer rien qu’en se hissant, pas de flasques de mer, pas des moments de mer mais la mer en grand, tout l’horizon rempli de mer, ad libitum. (p. 47)

Cette euphorie nous rappelle un passage du Premier été d’où se dégage l’intense appétit de vie qui accompagna la romancière pendant sa grossesse :

[…] j’étais […] insouciante et amoureuse de la chaleur, des nuits, des orages, d’un amour qui ne pèse pas, qui s’épanouit comme les bulles du champagne et se boit vite parce qu’on a soif. J’ai aimé toutes les soirées de cet été-là […], j’ai aimé tous les gens […], je les ai bus parce que j’avais soif et ma soif n’était pas amoindrie par le désir d’être bue en retour. Tu me protégeais et tu me protégeais d’autant plus que tu ignorais ma faiblesse et ma force. Tu ignorais tout de moi et tu étais si confiante en moi comme si tu savais tout de moi, quelle paix cela donne […]. (p. 10)

Toutefois, il faut souligner que l’euphorie de la jeune fille enceinte ne se manifeste qu’au niveau inconscient, c'est-à-dire le niveau de ses sensations, de sa sensibilité : son intellect ne semble pas encore avoir compris la portée de l’événement qu’elle est en train de vivre. Pour cette raison la jouissance de la jeune fille est silencieuse ; elle ne réussit pas à donner une forme concrète (une forme, autrement dit, verbale) à ce qu’elle est en train d’éprouver. Au fur et à mesure, elle prendra pleine conscience de sa situation et définira ainsi sa place dans le monde.
Or il existe, dans le roman, quelqu’un qui a toujours essayé de définir sa place dans le monde, même si cela signifiait aller à contre-courant et s’éloigner des autres : c’est Marie-Marthe. Examinons-la de près.

Questo brano è tratto dalla tesi:

Le corps et les sentiments dans l'univers romanesque de Maryline Desbiolles

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Informazioni tesi

  Autore: Chiara Azzollini
  Tipo: Tesi di Laurea Magistrale
  Anno: 2014-15
  Università: Università degli Studi di Bari
  Facoltà: Dipartimento di Lettere Lingue Arti. Italianistica e Culture Comparate
  Corso: Lingue e Letterature Moderne
  Relatore: Ida Porfido
  Lingua: Francese
  Num. pagine: 136

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