Politiques Economiques, Conditions Initiales et Croissance à Long Terme…
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Entre la publication de l’ouvrage de Smith [1776], « la recherche sur la nature et les causes
de la richesse des nations », et l’apparition du 28
ème
ouvrage de la sØrie annuelle du rapport
sur le dØveloppement dans le monde [Banque Mondiale, 2006]
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, la croissance à long terme
n’a pas cessØ d’être un thème central de la recherche Øconomique. En effet, durant cette
longue pØriode, une partie importante de la rØflexion Øconomique Øtait centrØe sur
l’analyse de dØterminants de la croissance à long terme et la dynamique de la rØpartition
mondiale des revenus.
Toutefois, malgrØ la concentration importante sur ce thème, les tentatives menØes
ne sont pas parvenues à rØpondre à toutes les interrogations et à livrer toutes les clØs de la
croissance à long terme. Les conclusions retenues par ces tentatives ne sont pas unanimes
et elles sont, dans certains cas, divergentes. Par consØquent, les efforts dØployØs restent
insuffisants pour Øclairer et pour comprendre l’essentiel des faits rØels. Le champ de la
recherche est encore ouvert et fertile.
Le thème de la croissance à long terme a connu, les dernières annØes, une
nouvelle impulsion. Cette dernière est stimulØe, surtout, suite à la construction de bases de
donnØes pour un grand nombre de pays. Ces bases de donnØes internationales ont constituØ
une avancØe importante en matière de la recherche Øconomique et elles ont permis d’Øtablir
une interface dynamique entre les faits, la thØorie et l’Øtude empirique. Dans les nouveaux
travaux de recherche, un des dØfis majeurs est de dØfricher de nouvelles voies susceptibles
d’expliquer la divergence des taux de croissance entre les pays, observØe depuis une
longue pØriode.
Ainsi, on pense qu’il est très important de comprendre pourquoi le revenu rØel
moyen de pays riches, à la fin du vingtième siècle, est 14 fois plus ØlevØ que son niveau en
1820, alors que celui de pays pauvres a baissØ ou stagnØ ?
2
Pourquoi, à la fin du vingtième
siècle, le revenu rØel moyen de pays les plus riches est 50 fois plus ØlevØ que celui de pays
les plus pauvres ?
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Pourquoi, en 2002, 40% des plus pauvres reçoivent un peu plus de 10%
de la richesse mondiale alors que la part qui revient au 20% les plus riches est supØrieure à
60% ?
4
Pourquoi certaines Øconomies de l’Asie de l’Est ont enregistrØ, surtout au cours de
la deuxième moitiØ du vingtième siècle, des taux de croissance spectaculaires et
1
Le rapport sur le dØveloppement dans le monde [2006], intitulØ « ØquitØ et dØveloppement », soulève la
question de l’inØgalitØ des chances de dØveloppement entre les pays ainsi qu’à l’intØrieur de pays.
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Schubert [2000] et Jones [2000].
3
Banque Mondiale [2006].
4
F.M.I et Banque Mondiale [2004].
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convergent vers un Øquilibre haut, alors que la plupart des Øconomies de l’Afrique
subsaharienne, de l’AmØrique Latine et du Moyen-Orient a perdu du terrain ? Enfin,
pourquoi les pays les plus pauvres n’avaient pas la possibilitØ, au cours de deux derniers
siècles, de rØduire l’Øcart qui les sØpare de pays les plus riches ?
« Les consØquences que ce genre de questions entraînent pour le bien être humain
sont tout bonnement atterrantes : si l’on commence à y rØflØchir, il devient difficile de
penser à autre chose » [Lucas, 1988].
En rØalitØ, le phØnomène soulevØ par l’ensemble de ces interrogations n’est pas
rØcent. En effet, une divergence dramatique des revenus entre les pays Øtait la
caractØristique dominante de l’histoire Øconomique. Cette divergence se justifie,
principalement et pour une longue pØriode, par la rØussite continue des pays riches à croître
plus vite que les pays pauvres. Certains auteurs estiment que l’Ømergence de cette
divergence remonte au dØbut du 19
ème
siècle [Bourguignon et Morrisson, 2002 ; Pritchett,
1997 et la Banque Mondiale, 1995]
5
. Ces auteurs trouvent dans la rØvolution industrielle,
qui a concernØ principalement quelques pays de l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis, un
facteur historique permettant d’expliquer la disparitØ mondiale des revenus.
Etant donnØe la tendance actuelle, les estimations les plus optimistes n’affirment
pas que la disparitØ mondiale des revenus baissera. En effet, la Banque Mondiale [2004]
considère que l’Øcart absolu entre le revenu rØel par tête moyen de pays les plus riches et
celui de pays les plus pauvres doublera d’ici à 2030. De même, Pritchett [1997] estime
qu’en 2120, le revenu rØel moyen des pays les plus riches passera à 340 fois supØrieur de
celui des pays les plus pauvres.
L’ensemble de ces constats constitue une source d’inquiØtude sØrieuse, surtout
lorsqu’on pense aux retombØes sociales, au moins en termes de santØ et d’Øducation, de la
divergence massive des niveaux de vie entre les pays les plus riches et les pays les plus
pauvres. Par consØquent, une attention particulière doit être accordØe à cette
problØmatique. Les efforts dØployØs doivent être ciblØs pour Øclairer les facteurs qui ont
stimulØ la disparitØ mondiale des revenus. Sans nier le rôle jouØ par les facteurs extra-
Øconomiques, tels que les dotations en ressources naturelles et le jeu des forces et des
5
Bien que Lindert et Williamson [2002] soient d’avis que « la disparitØ mondiale des revenus a dØmarrØ
bien avant 1820, il est presque certain que les Øcarts des revenus internationaux se sont creusØs après
1600. Les quelques informations disponibles suggèrent, sans ambiguïtØ, que l’inØgalitØ à l’Øchelle mondiale
s’est accrue bien avant la première rØvolution industrielle ».
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pouvoirs entre les pays
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, une partie de la rØflexion doit soulever les facteurs Øconomiques
et institutionnels susceptibles de conditionner la dynamique de croissance à long terme.
Dans l’ensemble, ces facteurs semblent reflØter les politiques Øconomiques appliquØes et
les conditions initiales mises en place.
C’est dans cette vision que s’inscrit notre recherche. En effet, la problØmatique
centrale de ce travail de recherche concernera l’analyse du rôle des politiques Øconomiques
et des conditions initiales dans la dØfinition du sentier de croissance à long terme. Les
politiques Øconomiques et les conditions initiales sont-elles capables d’expliquer l’essentiel
de la disparitØ mondiale des revenus ? Peut-on trouver dans ces facteurs une possibilitØ
rØelle pour assurer une rØpartition plus Øquitable de la richesse mondiale ?
En rØalitØ, cette problØmatique a fait l’objet d’une rØflexion profonde dans les
thØories traditionnelles et elle continue d’être l’axe central des nouvelles thØories de
croissance. Toutefois, malgrØ l’unanimitØ sur l’importance de cette problØmatique, les
analyses avancØes sont parvenues à retenir des conclusions diffØrentes. En effet, les
thØories traditionnelles supposent que la croissance à long terme est guidØe par le progrès
technique, de nature exogène, dont le contenu et ses dØterminants ne sont pas explicites.
Cependant, les thØories rØcentes estiment la possibilitØ d’une croissance endogène qui est
conditionnØe par divers mØcanismes. Ces derniers sont stimulØs par les politiques
Øconomiques et l’Øtat des lieux à partir duquel le processus de croissance s’est engagØ.
L’essentiel des analyses proposØes par les thØories traditionnelles trouve son
fondement dans un modèle nØoclassique standard à la Solow [1956]. Dans ce cadre
d’analyse le progrès technique est supposØ exogène et les rendements des facteurs
d’accumulation sont dØcroissants. Par consØquent, l’incitation à accumuler les facteurs de
production est inversement proportionnelle à leurs niveaux. A long terme, cette incitation
sera nulle et la croissance s’arrête.
Dans le cadre de cette dynamique, l’Øconomie convergera à long terme vers un
Øquilibre stationnaire et stable caractØrisØ par la constance de ses mesures. Cette
dynamique indique que tout au long du sentier de croissance ØquilibrØe les variables par
6
Bien que les dotations en ressources naturelles ne semblent pas être un facteur dØcisif pour expliquer la
divergence des sentiers de croissance. L’exemple de l’Afrique, la rØgion la plus riche en ressources
naturelles, et le Japon, le pays le plus pauvre en ressources naturelles, Øtant la preuve. Toutefois, il est à
noter qu’il est probable que ce facteur a jouØ, en tenant compte du jeu des pouvoirs et des forces, un rôle
important pour promouvoir le dØveloppement de l’Europe occidentale. En effet, la colonisation Øtait
destinØe, principalement, à exploiter les ressources naturelles dont disposent les pays les plus pauvres.
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tête croissent au même taux, celui du progrès technique, supposØ exogène. Dans ce cadre
d’analyse, le taux de croissance à long terme est indØpendant des politiques Øconomiques.
L’effet de ces dernières est limitØ à la dynamique de transition.
En soulevant la question de la convergence, l’approche nØoclassique parvient à
conclure que, en raison de la dØcroissance des productivitØs marginales des facteurs
d’accumulation, les Øconomies convergeront à long terme soit vers un même Øtat
stationnaire, soit vers diffØrents Øtats stationnaires. Dans les deux cas, toutes les Øconomies
auront le même taux de croissance qui est nul en l’absence du progrès technique. Le
premier cas correspond à un processus de convergence absolue alors que le deuxième cas
dØsigne un processus de convergence conditionnØ par les caractØristiques spØcifiques des
Øconomies.
A partir du milieu des annØes quatre-vingt, l’analyse de la croissance à long terme
a connu un nouvel essor, grâce aux travaux de Romer [1986] et Lucas [1988]. Ces
nouvelles contributions ont constituØ une rupture avec l’analyse nØoclassique en apportant
une nouvelle vision à la dynamique de croissance à long terme. Dans cette nouvelle vision,
les politiques Øconomiques sont placØes directement au cœur du processus de croissance.
Dans l’ensemble, les nouveaux modèles considèrent que le taux de croissance
peut être favorisØ par l’action, directe ou indirecte, des politiques Øconomiques sur la
capacitØ de l’Øconomie d’accumuler les connaissances, d’allouer les ressources disponibles
en faveur des secteurs les plus productifs et d’acquØrir les biens capitaux indispensables à
moindre coßt. Les nouveaux modèles de croissance considèrent, Øgalement, que des
institutions Øconomiques et politiques suffisamment efficientes sont nØcessaires pour
favoriser la croissance. En effet, l’application des politiques adØquates et la pratique de la
bonne gouvernance sont en mesure de neutraliser la dØcroissance des rendements de
facteurs de production privØs, d’offrir une incitation à leur accumulation et, par
consØquent, de permettre à l’Øconomie de croître à long terme sans limite.
Dans cette nouvelle littØrature, divers facteurs qui sont favorisØs par les politiques
Øconomiques sont supposØs susceptibles de conditionner la dynamique de croissance à
long terme. L’essentiel de ces facteurs trouve ses origines dans le progrès technique, de
nature endogène, [Aghion et Howitt, 1992 et Romer, 1990], l’externalitØ et les rendements
d’Øchelle [Rebelo, 1991 et Romer, 1986], le commerce international [Rivera-Batiz et
Romer, 1991 ; Grossman et Helpman, 1990 et Krugman, 1990], les dØpenses publiques
productives [Barro, 1990 et Aschauer, 1989] et le capital humain [Lucas, 1988 et Becker et
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al, 1989]. Dans ce cadre d’analyse, la conclusion retenue est que toute politique
Øconomique visant à favoriser les Øchanges extØrieurs, l’accumulation du capital humain et
l’efficience allocative des ressources disponibles est en mesure de contribuer à placer
l’Øconomie sur un sentier à fort potentiel de croissance.
Dans un cadre international, l’analyse proposØe par les nouvelles thØories de
croissance conclut à la possibilitØ d’une divergence des taux de croissance entre les pays.
En effet, contrairement à l’analyse nØoclassique, les nouveaux modèles de croissance
n’offrent aucun mØcanisme qui suggère que les pays pauvres aient, à priori, un taux de
croissance supØrieur à celui des pays riches.
A la suite de cette avancØe, une nouvelle typologie des modèles a pris naissance.
Dans cette nouvelle typologie de modèles, initiØe par Azariadis et Drazen [1990], un rôle
central est accordØ aux effets seuils qui sont associØs aux politiques Øconomiques et aux
conditions initiales dans la dynamique de croissance à long terme. En effet, ce cadre
d’analyse propose que, en raison des effets seuils, la dynamique de croissance se
caractØrise par une multiplicitØ d’Øquilibres. Dans les rØgimes de croissance identifiØs, qui
sont sØparØs par des seuils critiques associØs aux politiques Øconomiques et aux conditions
initiales, les effets externes et les rendements ne sont pas uniformes.
Cette analyse estime qu’un processus de dØcollage n’est possible que si les
politiques Øconomiques sont suffisamment efficientes et favorisØes par la mise en place de
conditions initiales favorables. Dans ce cas, l’Øconomie profiterait d’un potentiel
Øconomique et institutionnel permettant aux effets externes de fonctionner en faveur d’une
croissance endogène. Par consØquent, elle se placerait sur un sentier à fort potentiel de
croissance et convergerait vers un Øquilibre haut. Au contraire, en prØsence de conditions
initiales dØfavorables et de politiques Øconomiques non efficaces, les effets externes seront
absents et l’Øconomie se placerait sur un sentier à croissance rØduite et tomberait dans une
trappe de pauvretØ. De ce fait, toute politique Øconomique incapable de placer l’Øconomie
en-dessus du seuil critique est vouØe à l’Øchec et l’Øconomie finit par converger vers un
Øquilibre bas.
Cette nouvelle typologie de modèles propose divers facteurs, dØsignant les
conditions initiales et les politiques Øconomiques, dont les niveaux sont susceptibles de
dØfinir le sentier de croissance et l’Øquilibre vers lequel l’Øconomie convergera. En effet,
Azariadis et Drazen [1990] et Becker, Murphy et Tamura [1990] optent pour la dotation
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sociale en capital humain. Durlauf et Johnson [1995] retiennent le revenu rØel par tête et le
capital humain. BerthØlemy et Varoudakis [1995] choisissent plutôt le capital humain et le
dØveloppement du secteur financier. Phillippe [1997] opte pour le revenu rØel par tête.
Redding, Proudman et Bianci [1997] et Sachs et Warner [1995] sØlectionnent le degrØ
d’ouverture de l’Øconomie. Desdoigts [1997] retient les arrangements institutionnels et le
capital culturel. Ghosh et Wolf [1998] choisissent le taux d’investissement et Serranito
[1999] sØlectionne le degrØ d’ouverture et le capital humain.
L’analyse proposØe par la nouvelle typologie de modèles conclut que le
rapprochement des niveaux de vie n’est vØrifiØ qu’entre les pays qui se trouvent dans un
bassin d’attraction d’un même Øquilibre stationnaire. Dans ce cas, la dynamique de
convergence est plutôt sØlective, pouvant dØboucher sur la construction de clubs de
convergence.
Dans le cadre de notre thèse, l’analyse de la dynamique de croissance à long
terme, en rØfØrence aux politiques Øconomiques et aux conditions initiales, sera abordØe
sous trois angles. Le premier, objet du chapitre introductif, concernera l’observation des
faits rØels de la disparitØ mondiale des revenus. L’objectif consistera à soulever les traits
fondamentaux de cette disparitØ à partir du dØbut du 19
ème
siècle, tout en mettant l’accent
sur la tendance actuelle. Cet objectif sera assurØ en proposant, dans un premier temps, une
revue de la littØrature. Cette dernière est complØtØe par une tentative d’observation et
d’analyse des faits rØels.
Par rapport à la revue de la littØrature, l’apport principal de notre tentative
d’observation des faits est de mettre l’accent sur le processus de convergence sØlective et
de visualiser la construction de clubs de convergence probables. Dans notre tentative, qui
couvre un large Øchantillon des pays observØs au cours d’une très longue pØriode, les bases
de donnØes que nous utiliserons sont celles de Maddison [1991 et 1995] et de Summers et
Heston [2002].
Le deuxième et le troisième angles concerneront la problØmatique de la
dynamique de croissance à long terme aussi bien sur le plan thØorique que sur le plan
empirique. En effet, le premier chapitre prØsentera une revue synthØtique de principaux
travaux thØoriques et empiriques de la littØrature Øconomique traditionnelle de la
croissance. Le deuxième et le troisième chapitres s’intØresseront à l’exposition d’une revue
thØorique et empirique de principaux arguments proposØs par les thØories de croissance
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endogène et par les thØories soulevant la thèse de la multiplicitØ d’Øquilibres. Dans ces
trois chapitres une attention particulière sera accordØe aux modèles de base.
Ensuite, en s’inscrivant dans un cadre d’analyse relatif aux thØories de croissance
endogène à Øquilibres multiples, nous nous proposons dans le quatrième chapitre de mener
une tentative d’analyse thØorique et d’application empirique. Dans cette tentative nous
viserons d’analyser la dynamique de croissance à long terme en rØfØrence à la
complØmentaritØ entre le degrØ d’ouverture commerciale et la dotation sociale en capital
humain
7
.
Bien que nombreux travaux se soient penchØs à Øtudier cette problØmatique,
l’apport principal de notre tentative est d’expliquer la divergence de sentiers de croissance
en rØexaminant cette question en rØfØrence aux effets seuils. En effet, nous considØrons que
bien que la productivitØ du capital humain est croissante avec l’ouverture commerciale, un
certain niveau de capital humain social est nØcessaire pour que l’Øconomie parvient à
exploiter et imiter les technologies Øtrangères et à favoriser la mobilitØ des facteurs de
production au profit des secteurs les plus productifs.
Ainsi, en se rØfØrant au modèle de Lucas [1988] et en s’inscrivant dans un cadre
d’analyse relatif aux thØories de croissance endogène à Øquilibres multiples, nous nous
proposons dans le cadre de notre tentative d’analyse thØorique, d’examiner l’existence d’un
seuil critique associØ à la complØmentaritØ entre l’ouverture commerciale et la dotation
sociale en capital humain, pouvant sØparer des rØgimes de croissance distincts. Nous
viserons à vØrifier que des niveaux seuils relatifs au degrØ d’ouverture commerciale et à la
dotation sociale en capital humain sont indispensables pour que l’Øconomie se placerait sur
un sentier à fort potentiel de croissance et convergerait vers un Øquilibre haut. En l’absence
de cette condition, l’Øconomie suivrait un sentier à croissance rØduite et convergerait vers
un Øquilibre bas.
L’examen de la portØe empirique de notre tentative d’analyse thØorique
concernera l’Øtude du comportement moyen de croissance pour un Øchantillon de 88 pays
observØs durant la pØriode 1960-1985
8
. Dans cette Øtude nous nous proposons d’identifier
7
La dotation sociale en capital humain peut être dØfinie par le niveau moyen dont dispose la sociØtØ en
termes de connaissance. Cette dernière peut être le rØsultat de l’expØrience, de l’Øducation ainsi que des
habitudes et des coutumes.
8
Il est lieu de noter que la pØriode retenue est imposØe par la disponibilitØ de donnØes. En effet, nous avons
choisi d’opØrer avec un Øchantillon des pays relativement large et avec des donnØes cylindrØes, au prix
d’une pØriode qui n’est pas assez rØcente.
Politiques Economiques, Conditions Initiales et Croissance à Long Terme…
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d’une manière endogène des seuils critiques, associØs à la politique commerciale et à la
dotation sociale en capital humain, sØparant les diffØrents rØgimes de croissance. Ce travail
permettra, enfin, de construire un arbre de dØcomposition optimale en visualisant de clubs
de convergence probables.
En continuitØ avec la problØmatique de notre thèse, visant à analyser la
dynamique de croissance à long terme en rØfØrence aux politiques Øconomiques et aux
conditions initiales, nous nous proposons dans le dernier chapitre de mener une Øtude
comparative entre l’Øconomie tunisienne et certaines Øconomies nouvellement
industrialisØes. Dans cette Øtude, nous essayerons d’expliquer, pour la pØriode 1960-2004,
la divergence du sentier de croissance de la Tunisie par rapport à ceux de la CorØe du Sud
et la Malaisie, en rØfØrence à la politique commerciale, à la dotation sociale en capital
humain et à la qualitØ de gouvernance.
On note que le choix de la CorØe du Sud et la Malaisie se justifie du fait que, par
rapport à la Tunisie et malgrØ qu’elles Øtaient initialement plus pauvres, elles ont rØussi
durant la pØriode d’Øtude à suivre un sentier à croissance ØlevØe et à exprimer une tendance
à converger vers un Øquilibre haut. Au contraire, malgrØ les efforts dØployØs dès son
indØpendance, la Tunisie n’a pas rØussi à assurer son dØcollage et elle continue de souffrir
de certains ØlØments de blocage.
A la lumière de cette Øtude, et en se rØfØrant aux principales conclusions
thØoriques retenues, nous essayerons de tirer certaines recommandations pour l’Øconomie
tunisienne en vue de parvenir à se placer sur un sentier à fort potentiel de croissance et à
rØussir son processus de dØveloppement.