Pratiques d'émergence sémiotique: une analyse de l'interface multitouche d'Apple

Pratiques d’émergence sémiotique : une analyse de l’interface multitouche d’Apple 4 1 Corps de texte, corps d’homme : un continuel oubli L’homme a appris à produire des objets il y a fort longtemps en arrivant par la suite à leur donner un rôle important, presque indispensable, dans le cadre de sa vie quotidienne. Cependant, ou probablement surtout pour cela, le monde des objets a rarement su retenir l’attention des chercheurs des domaines disciplinaires qui ne sont pas strictement liés à la production de ces artefacts. La recherche en sciences humaines n’y fait pas particulièrement exception. Le support matériel, dans sa présence obligée et continuelle, est devenu comme transparent, en n’arrivant que rarement à acquérir une certaine importance à l’intérieur des réflexions esthétiques, anthropologiques, linguistiques et, en général sémiotiques, de ces dernières décennies. Encore aujourd’hui, il arrive assez fréquemment de rencontrer des analyses où la composante phénoménologique de l’objet d’étude est sous-évaluée, voire totalement manquante, en prolongeant ainsi jusque dans les activités de chaque jour la vieille opposition, admirablement représentée par la pensée de Descartes, entre corps et esprit, conçus comme entités incapables de communiquer. Malgré cela la récente évolution technologique semble finalement remettre en cause la globalité de cette approche surtout grâce à une rapide et progressive unification de l’univers textuel et de celui des objets. Alessandro Zinna, dans le cadre de son HDR (2001 et 2004a) a cherché à croiser ces deux questions théoriques fondamentales en proposant une reconfiguration de l’univers de la signification liée à la mutation des rapports entre l’activité propre au dire et celle propre au faire, avec cette dernière qui semble acquérir finalement une place plus centrale dans l’économie globale de la théorie du langage (Zinna, 2004a : 291).