Le catacombes de Paris - Histoire, secrets, légendes

La cataphilie est aujourd’hui un phénomène de société, et comme tout phénomène, il a également ses codes. On peut distinguer quatre différent types de cataphiles, chacun avec leur code et règles.
⁃ le cataphile puriste : il s’agit d’un cataphile qui aime les carrières pour ce qu’elles sont, c’est lui qui va s’extasier à la recherche de telle ou telle parcours, il s’intéresse à l’histoire. Il est un actif, un érudit et même un discret. Il aime et donc il respect le souterrain ;
⁃ le cataphile progressiste : il s’agit d’un cataphile qui descend régulièrement pour retrouver des amis et partager de bons moments avec eux. C’est l’image du cataphile qui entre dans l’âge de raison, il commence à se faire une bonne connaissance du lieu et il prône des idées de tolérance et de partage, mais dans certains cas, c’est le dernier à les appliquer ;
⁃ le cataphile festif : il s’agit d’un cataphile qui aime les fêtes souterraines. Il est souvent nouveau dans le monde cataphile et, par manque de connaissance, il a des mauvaises habitudes, comme par exemple celle de laisser la trace de son passage dans les carrières. Il est souvent qualifié de « touriste » par les autres cataphiles ;
⁃ le cataphile rebelle : il s’agit d’une catégorie en conflit avec les autres cataphiles. Il descend dans le sous-sol pour exprimer son rejet de la société et des conventions. Il est souvent un adolescent qui recherche d’émotions fortes.

Le cataphile vit la nuit. On le reconnaît à ses bottes en caoutchouc, son jean sale, son treillis ou son bleu de travail. Pour les puristes, la combinaison de spéléologie s'impose. Son équipement comprend généralement le ravitaillement et boissons pour plusieurs heures de marche, quelques bougies, parfois un casque.
Mais quelles sont les raisons de la descente d’un cataphile dans les souterrains de la ville de Paris ? Les motifs changent très souvent avec le temps et avec la fréquentation du sous-sol. Le premier ressort qui pousse à la découverte du labyrinthe est principalement la curiosité. En autre, il y a le charme de la clandestinité, de l’interdit. La ville apparaît répétitive aux yeux d’un cataphile : connaitre le labyrinthe donne un goût de pouvoir ; la cité qui se trouve sous terre conserve la possibilité d’être encore spontanée et imprévisible.
On ne doit pas oublier l’intérêt pour l’histoire : les catacombes sont pleines de vestiges du passé très peu connus et inattendus. Enfin, l’homme est un animal sociable, et donc un autre motif pour parcourir les catacombes sont les fêtes, plus ou moins improvisées : c’est le moment idéal pour se reposer et faire connaissance dans un lieu particulier.

La vie d’un cataphile n’est pas donc simplement contemplative, elle est très riche et chacun trouve son compte. Les activités cataphiles sont très nombreuses et très variées : on peut distinguer principalement activités festives, manuelles, sportives et artistiques.
Les activités festives sont les activités principales de la cataphilie. Elles changent selon les goûts de chacun et sont l’occasion pour transmettre les dernières nouvelles cataphiles. Ces grandes soirées peuvent réunir de quelques dizaines à plusieurs centaines de participants.
Parmi les fêtes les plus importants, on souvient la « fête du poulet », pour fêter le départ en retraite du Commandant de police Saratte, ou encore la «katabreizh», fête à la mode organisée tout simplement pour le divertissement. Mais la plus singulière est la fête de Philibert, en honneur de Philibert Aspairt, considéré le patron des cataphiles. Enfin, il n’est pas rare qu’un cataphile fête son anniversaire dans les anciennes carrières.

Les activités manuelles sont très variées et organisés pour entretenir ou restaurer les lieux préférés par les cataphiles. Les plus importants sont les opérations poubelles : armé de gants et de sacs, les cataphiles endossent pour une nuit ou une journée la tenue d’éboueur pour nettoyer une salle ou un secteur. Ces opérations sont ouvertes à tout le monde, mais une certaine connaissance des méthodes et des matériaux est nécessaire pour les opérations de restauration.
Très appréciés par la communauté cataphile, ils consistent à remonter une partie des carrières détruite, ou à aménager le confort et l’esthétique d’une salle. Enfin, les activités manuelles les plus secrètes sont les travaux clandestins : ils ne sont jamais annoncés, même une fois terminés. Les plus populaires sont ceux qui consistent à aménager un puits de service avec des échelons dans des zones très peu fréquentées. Il s’agit toujours de travaux œuvrant contre l’I.G.C. et, en fait, l’identité des auteurs n’est jamais connue.

Les activités sportives comprennent le « katasprint ». Il s’agit d’une course à travers le réseau, avec le seul but de la compétition. Les katasprint sont très sportives et réservées exclusivement à ceux qui connaissent parfaitement la multitude des galeries sous terre.
Enfin, les activités artistiques sont les activités les plus belles et particulières parmi les cataphiles. L'expression artistique sous Paris est largement représentée au travers de l'art pictural, sculptural et photographique. L’art underground est un art libre et indépendant de toute influence qui transforme les anciennes carrières de Paris en une vaste galerie artistique.

Les représentations picturales proprement artistiques n'apparaîtront que dans les années 70 dans un lieu nommé « la galerie des promos » sous le boulevard Saint-Jacques. Il s'agit de fresques effectuées chaque année par des élèves de l'école des Mines, qui représentent œuvres de maitre (comme par exemple la Guernica de Picasso) ou plus simplement représentations inspirées de l’Egypte ancien.
Une autre activité très pratiqué par le cataphiles dans le sous-sol, surtout parmi les passionnés de photographie, est la technique du lightpainting. Un lightpaint est le plus souvent effectué dans l'obscurité, en déplaçant des lampes dans le champ d'un appareil photo en pose longue, permettant ainsi de faire apparaître des éléments de décors ou des personnages, d'en modifier ou d'en créer, sans autre limite que l’imagination. La technologie et les paysages pittoresques des anciennes carrières forment un contraste qui permet de créer des véritables œuvres d’art sous forme de photographie.